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Les médecins sont dans la rue - le 06/01/2015 @ 10:16 par Jeannine_CHRISTOPHE

Les médecins sont dans les rues du 10e

Aujourd'hui les médecins sont en grève et descendent dans la rue, nous avons relevé quatorze célébrités du monde médical qui ont eu l'honneur de voir leur nom plaqué sur l'une de nos rues, places ou établissements, donnant ainsi un air de santé au 10e. Ces rues gravitent pour la plupart autour de nos deux hôpitaux : Lariboisière et Saint-Louis, soit parce que ces médecins y ont exercé, soit parce que ce sont des grands noms de la médecine française que notre arrondissement a voulu glorifier.

Autour de l'hôpital Lariboisière

À tout seigneur tout honneur, voici Ambroise Paré (1519-1590) : la rue qui porte son nom a été ouverte en 1847-1855 le long de la façade principale de l'hôpital Lariboisière. D'abord modeste garçon barbier, il devint par sa grande pratique de l'anatomie sur les morts et sur les vivants, le premier maître-barbier chirurgien de France, fier d'avoir été " au service des roys de notre France, quatre desquels j'ay servy : Henri II, François II, Charles IX et Henri III ". Il se fit connaître du monde entier pour ses leçons d'anatomie qu'il professait à l'Hôtel-Dieu et pour les écrits qu'il en tirait. Il bouleversa le traitement des plaies de guerre jusque là cautérisées à l'huile bouillante ou au fer rouge, en préconisant la ligature des artères après amputation des membres " cette seule découverte suffirait à l'immortaliser au premier rang des bienfaiteurs de l'humanité en faisant de lui le père de la chirurgie moderne " dira de lui plus tard le baron Richerand, médecin à Saint-Louis, mais Ambroise Paré affirmait, dans sa grande croyance divine, qu'il était pour peu dans la guérison des blessés " Je le pensay, et Dieu le guarist " avait-il coutume de dire.

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Ambroise Paré opérant

Longeant une autre façade de l'hôpital Lariboisière, la rue Guy-Patin fut ainsi dénommée en 1862 en l'honneur de Gui Patin1 (1601-1672), célèbre en son temps par ses écrits et son enseignement de la chirurgie. Grand orateur, on se pressait de partout pour écouter au Collège de France ses jeux de mots et ses élégants discours en latin. Collectionneur de toutes les thèses en médecine, il écrivit une histoire des médecins célèbres et ses lettres en latin, publiées après sa mort, retracent cinquante ans d'histoire de la médecine et sont un témoin précieux des moeurs de son temps. Mais il fut l'ennemi farouche de toutes les nouvelles découvertes telles que le quinquina, l'antimoine et, bien que spécialiste de la saignée, il n'admit jamais la circulation du sang dans le corps.

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Guy Patin

De l'autre côté de la gare du Nord, se trouvait la maison " royale " puis " municipale " de santé , longtemps connue sous le nom de " maison ou hôpital Dubois ", du nom de l'accoucheur de la duchesse de Berry puis de l'impératrice Marie-Louise, Antoine Dubois (1756-1837), éminent chirurgien qui dirigea l'hospice de 1802 à 1837. Sa popularité était telle que son nom fut spontanément donné à cet établissement en reconnaissance de son grand zèle et de sa haute bienveillance envers les malades, qu'il ne faisait souvent pas payer.

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Antoine Dubois

En 1959 la maison Dubois fut rebaptisée hôpital Fernand-Widal. Celui-ci (1872-1929) y exerça de 1897 à 1902, il reconnut les méfaits de l'urée dans le sang, étudia le rôle des troubles rénaux dans l'hypertension artérielle, mais surtout biologiste distingué, il fut un précurseur dans le sérodiagnostic, fit des recherches sur le streptocoque de la dysenterie " ce microbe à tout faire " et sur le mode de transmission de la fièvre typhoïde, dont il réalisa la première vaccination.

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Fernand Widal

Autour de l'hôpital Saint-Louis

On a, à juste titre, qualifié ce secteur du 10e de " quartier des médecins ".

Commençons par la rue Alibert, nom que Louis-Philippe donna en 1840 à l'ancienne impasse Saint-Louis, en souvenir de Jean-Louis Alibert (1766-1837), chef de clinique à l'hôpital Saint-Louis. Il consacra toute sa vie à créer l'enseignement dermatologique en France et à faire de Saint-Louis la première école de dermatologie française ; il décrivit, selon une savante classification arborescente, tous les types morbides des maladies de la peau et en imposa les noms jusqu'à nous. Ses conférences magistrales pleines d'humour et d'esprit, dites en latin ou grec avec son accent méridional, réunissaient autour de lui une foule d'élèves et, tel saint Louis rendant la justice sous son chêne, c'est sous les ombrages des tilleuls de l'hôpital qu'il donnait ses cours en été, déployant sur un drap le dessin de son arbre de la dermatose et, dès la moindre goutte de pluie, tout le monde pliait bagage pour se réfugier dans la grande salle de garde du pavillon Gabrielle. Charles X le fit baron en 1827, dès lors sa devise fut " Pro Rege vigilant " (toujours vigilant pour le roi).

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Jean-Louis Alibert

Parallèle à la rue Alibert, l'avenue porte depuis 1851 le nom du chirurgien Anthelme Richerand (1779-1840) qui mit au service des blessés des trésors de thérapeutique chirurgicale. Il enseigna l'anatomie, la médecine opératoire et la pathologie à l'hôpital du Nord, nom de l'hôpital Saint-Louis pendant la Révolution. Comme son confrère Alibert, il fut fait baron par ordonnance royale de 1829.

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Anthelme Richerand

La rue Bichat, ouverte en 1824, relie la rue Alibert et l'avenue Richerand. Xavier Bichat (1770-1802), médecin anatomiste et physiologiste, n'a jamais exercé à Saint-Louis, il n'en a certainement pas eu le temps, emporté qu'il fut à l'âge de 31 ans par la tuberculose. Il a cependant laissé à la postérité une abondante production médicale, il a reconnu avant l'ère du microscope la structure propre des tissus et a défini leur rôle précis dans l'organisme.

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Xavier Bichat

Au carrefour des rues Bichat et Alibert, est la place du Docteur-Alfred-Fournier à l'entrée du quadrilatère historique de l'hôpital Saint-Louis. Son nom lui a été donné en 1932 en souvenir de ce médecin (1832-1914) pour qui fut créée à Saint-Louis, en 1879, la première chaire de clinique sur les maladies syphilitiques et cutanées.

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   Alfred Fournier

En remontant vers le boulevard de la Villette, on trouve quatre rues portant encore des noms de médecins :

  • La rue Charles-Robin, détachée en 1893 de l'avenue Claude-Vellefaux, pour devenir celle de cet anatomiste et zoologiste (1821-1885) surnommé " le micrographe à l'oeil de verre " car il s'en servait, disait-on méchamment, pour regarder dans son microscope. A la suite de Bichat, il étudia les tissus, inventa en 1855 les termes " d'hématies " et de " leucocytes " et installa à Saint-Louis un laboratoire d'histologie équipé de microscopes qui inspirèrent les frères Goncourt pour leur roman " Soeur Philomène ".

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Charles Robin

  • La rue Vicq-d'Azir qui porte, depuis 1864, le nom de l'anatomiste Félix Vicq-d'Azir (1748-1794), médecin particulier de la reine Marie-Antoinette, fondateur en 1776 puis secrétaire perpétuel de la Société royale de médecine, en quelque sorte une " Organisation mondiale de la santé " avant la lettre, puisque son but était d'entretenir une correspondance régulière entre tous les médecins du royaume et de l'étranger, d'informer expressément les gouvernements de la santé des pays, de prévenir de " toutes les épidémies et épizooties, de l'état de nutrition des populations, de leur hygiène de vie, etc. "

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Félix Vicq d'Azir

  • Nous arrivons ensuite dans la rue baptisée en 1899 du nom du docteur Henri Feulard (1859-1897), historien de l'hôpital Saint-Louis, administrateur de la riche bibliothèque qui porte toujours son nom et dermatologue distingué ; il décrivait cet hôpital " comme un chef-d'oeuvre de construction avec son exposition des plus salubres... mais qui est l'égout de toutes les contrées du monde par les maladies les plus rares apportées par les étrangers si nombreux dans une ville comme Paris... " (sic !). Il fut le premier à signaler l'action du climat, le rôle du moral et celui des métiers sur les maladies de la peau. Chacun s'attendrit sur son triste sort puisqu'il mourut à 38 ans dans l'incendie du Bazar de la Charité en voulant sauver sa femme, sa fille et leur bonne.

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   Henri Feulard

  • Et enfin, nous aboutissons à la rue Civiale, du nom de l'urologue de Saint-Louis, Jean Civiale (1792-1867). Il osa employer sur un être vivant des instruments essayés jusque là sur des cadavres et fit ainsi la première opération du broiement de la pierre avec une pince à trois branches le " litholabe " qui réduisait en petits fragments les calculs vésicaux ressortant ensuite par les voies naturelles.

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Jean Civiale

En quittant ce quartier des médecins, nous pouvons au passage saluer l'avenue au nom de l'auguste pharmacien et agronome Antoine-Augustin Parmentier (1737-1813), notre premier diététicien, qui fit aimer la pomme de terre aux Français, mais leur indiqua aussi le moyen de faire des soupes économiques et cependant agréables au goût ; il mit aussi en place un service de secours à domicile " en ardent amoureux de l'humanité qu'il était ".

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Antoine Parmentier

Et pour terminer ce panorama médical, allons prendre un bol d'air au square Villemin. Le médecin militaire Jean-Antoine Villemin (1827-1892) n'a jamais exercé dans le 10e, mais son nom a d'abord été donné à l'ancien couvent des Récollets transformé en hôpital militaire, puis à l'école d'architecture qui l'occupa ensuite, et aujourd'hui au jardin, en reconnaissance des travaux de ce médecin qui, en étudiant la tuberculose, démontra la contagiosité de cette maladie, transmissible et non héréditaire, comme on le croyait jusque là. Koch n'avait plus qu'à découvrir son bacille, 17 ans après en 1882 !

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Jean-Antoine Villemin

C'est un grand honneur rendu à Villemin que ce jardin, pour l’existence et l'agrandissement duquel les associations ont lutté, et qui est un des rares " poumon vert " de notre arrondissement, porte aujourd'hui son nom, lui qui a tant lutté pour préserver la santé de nos poumons !

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Aujourd'hui deux nouvelles sommités du monde médical ont donné leur nom à des rues du 10e :
Léon Schwartzenberg
et Jean Bernard.    

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               Léon Schwartzenberg                            Jean Bernard

Jeannine Christophe

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1 Le Professeur Loïc Capron vient de publier l'intégralité de la correspondance de Guy Patin, voir  ici