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Le 1er mai 1906 - le 29/04/2019 @ 15:01 par HV10
  La journée historique du 1er mai 1906 à la Bourse du Travail,
3 rue du Château-d'Eau, Paris 10e
[1]

Quand arrive le 1er mai, Histoire et Vies du 10e tient à rappeler les manifestations qui eurent lieu il y a quelques cents ans : les 1er mai 1906 et 1907. Ces "Journées historiques" donnèrent l'élan à de nouvelles conceptions de l'organisation du travail.

           Au début du 20e siècle,  la Bourse du Travail était le pôle des réunions des syndicats et des grévistes, mais elle n’organisait en aucun cas les grèves, elle devait rester apolitique et neutre, assurant uniquement le côté matériel en temps de grève et jouant même un rôle de médiateur.
 

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Sur la Banderole on lit :
" À partir du 1er mai 1906, nous ne travaillerons que 8 heures par jour !"

     La CGT, créée en 1895, absorba en 1902 les Bourses du Travail de province, longtemps dirigées par le jeune militant libertaire Fernand Pelloutier  [2]. Elle organisa, à Paris notamment, une grande manifestation ouvrière, qu’Eugène Dabit dans son célèbre ouvrage « Hôtel du Nord » décrit comme :

« Un défilé d’hommes débraillés et gueulards... une églantine à la boutonnière...chantant l’Internationale ».

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1er mai 1906 : manifestants et curieux bd de Magenta

      Clemenceau, président du Conseil et ministre de l’Intérieur de 1906 à 1908, surnommé « le sinistre de l’intérieur et le briseur de grèves » agit très énergiquement.

          Il envoya, avec le consentement du préfet Lépine 45 000 hommes de troupe dans la capitale, fit évacuer par la force les grévistes de la Bourse et arrêter les secrétaires de la CGT. Il y eut de violentes bagarres entre des manifestants et des charges de policiers montés, autour de la Bourse, rue du Château-d'Eau, boulevard de Magenta et Place de la République, on procédera à 800 arrestations dont 200 seront maintenues.

         Lors de cette journée, s’affirmèrent essentiellement les mots d’ordre lancés depuis longtemps par la CGT :

  •               Liberté pour un syndiqué de faire partie, hors son groupement corporatif, de n’importe quelle organisation politique ;
  •              Généralisation de la grève à tous les travailleurs ;

  •              Et surtout réduction de la journée de travail à 8 heures, comme le proclame la banderole accrochée à la façade de la Bourse : « À partir du 1er mai 1906 nous ne travaillerons que 8 heures par jour ! ».

           Une loi de 1900 avait fixé la journée de travail à 10 heures pour les femmes et les enfants, et à 12 heures pour les hommes. Ce fut le début de la longue lutte pour un nouveau rythme de vie, résumé dans la formule magique des fameux « Trois-Huit », se résumant ainsi : « 8 heures de travail, 8 heures de loisir, 8 heures de sommeil ». 

       Un chansonnier avait même écrit pour ce 1er mai 1906, la chanson des "Huit heures", dont un couplet disait :

 Si nous voulons,

Aux fusillades de Fourmies...

À leurs bourgeoises infamies,

À tous les crimes de jadis,

Opposer la saine concorde,

Le Premier mai 1906,

Il faudra que nos huit heures,

On nous les accorde.

 Cette revendication si invraisemblable à l'époque échouera en 1906, elle ne sera acquise qu’en 1919 ! Mais des mesures sociales importantes furent tout de même obtenues en cette année1906 :

  •      Le 13 juillet, une loi rendit obligatoire le repos hebdomadaire pour tous.

  •      Le 25 octobre, Clemenceau créa le premier ministère du Travail, auprès duquel les délégués des travailleurs pouvaient enfin se faire entendre, sinon être écoutés !

           Quant au 1er mai, considéré depuis 1890, comme la journée de lutte des travailleurs, il fallut attendre les lois des 30 avril 1947 et 29 avril 1948 pour qu’il soit reconnu « Jour férié et chômé », celui de la « Fête du travail », soit presque un demi-siècle plus tard !

 Jeannine CHRISTOPHE

  Grandjouan.jpg

« Les trois Huit » :
L'Assiette au beurre, n° 265, 28 avril 1906, ill. de Grandjouan

 ___________________________________________________________________

[1] Article paru dans « La Gazette du Canal » n° 13, octobre-novembre 1995, réactualisé en 2011, puis en 2017.

[2] Fernand PELLOUTIER : « L'anarchisme et les syndicats ouvriers » : Les temps nouveaux, 20 octobre 1895.